Joshua Dubernet travaille sur la figure féminine.
Il s'inspire de visages qu'il croise dans la vie
de tous les jours. Parfois la nuit.
Ses portraits veulent transcender la simple représentation
physique pour tenter d'atteindre un niveau plus profond ;
ouvrir une fenêtre sur l’intériorité du sujet,
capter des fragments d’âme.
Aussi, il se considère davantage comme
un médium que comme un peintre
(la peinture étant là le moyen et non la fin)
Il souhaite agir en tant qu’intermédiaire entre le monde
tangible et des dimensions plus subtiles,
imperceptibles à l’œil nu.
Il s'applique à peindre cette fameuse
"lumière invisible"que certains appellent l'aura,
ou plutôt l'intention primordiale du sujet,
son essence.
La femme, comme sujet primordial :
Il veut laisser un document sur cet être
à la fois surnaturel et familier, comme pour
s'en saisir, détaché de toute convention
ou influence culturelle ou plutôt tel
qu'Adam à du voir Eve la première fois.
À son travail d'ordre spirituel, vient donc se
superposer la chose érotique, mais dans
quelque chose d'à la fois sophistiqué et
rendue annexe. Il peint la femme comme une
"apparition fortuite et prodigieuse"
La femme représentée ici est en ce sens surnaturelle, toujours.
Elle est le réceptacle et le point d'arrivé de ce que
l'on nomme le désir. Elle est donc pour lui, le sujet
par excellence et par défaut, le sujet primordial.
Pour lui, un tableau réussi est un tableau qui donnerait
au specteur l'envie d’accoler un mot sur le sentiment ici exprimé
mais sans y parvenir toutefois, car le plus possible,
Il essaie de peindre des sentiments qu'il qualifie
de "transversaux". Sidération, peur, félicité, grâce,
candeur, mépris, stupéfaction, amour, mélancolie ;
le tout dans une émergence fixe, une image,
une prime vision.
Emotion donc, comme sorte de prima materia en vue d'une sublimation,
son approche est donc par effet de miroir de susciter des sentiments
transversaux chez le spectateur sans laisser le champ
à quelque chose de trop narratif ni d'hyper intellectualisé,
il se concentre bien sur l’émergence du sujet,
s'attache à l'immuable, à l'éther, au divin.
Notes techniques :
Il est dit dans la langue des oiseaux
que la magie c'est "l’âme qui agit."
Aussi ; si ses portraits semblent plutôt neutres, inopérants
ou voir même fallacieux, au cours de la journée,
lorsque vient la nuit et que s'allument ces fameuses
lumières industrielles avec lesquelles nous vivont tous,
ils semblent en effet s'envenimer, s'aminer peut-être ;
d'une certaine façon, devenir opératifs, sinon plus efficients.
Dans son processus de création, il s'appuie beaucoup
sur "l'accidentel", fruit de l'inconscient et peut-être aussi
sur le rapport alchimique entre l'homme et la matière.
Ce que certains ont pu appeler en d'autres temps :
"le coefficient de charme."
Il ne s'agira donc là en aucun cas d'un acte
tout a fait maîtrisé, tout à fait prémédité, ni d'un travail
qui serait le fruit d'une expertise d'un vouloir défini au préalable,
d'un artisanat.
Il ne s'agit pas exactement de peindre quelque chose de beau
qui entraînerait une vaine jubilation, mais plutôt de réaliser
un travail tantôt d'invocation, tantôt de conjuration.
Joshua Dubernet a l'impression parfois que certains portraits lui sont
tout simplement parvenus, ou bien qu'ils sont advenus par eux-meme.
Il est un peu comme le spirite qui s'amuse à troubler
la paix des morts.
Il lui arrive aussi parfois de peindre Célia.
Célia la belle magicienne,
pour la garder,
auprès de lui toujours
...